I179 - Silence ouragan.
Que serions-nous sans la parole du silence, sans nos voyages réguliers au cœur de nos entendements sans mots ? En notre temple mouvant, jamais immobile, nous portons la colonne. Celle là même qui n’a pour fondation que nos instincts sans voix. Sur le soupir de nos réminiscences toutes nos sources dévalent et les ruisseaux s’inondent de l’hypothèse de ce que nous aurions pu dire. Le silence est un promeneur fuyant les routes et les sentiers. Il dévie des ombres qui le recouvrent. Il ne se saisit que d’un autre silence : un silence encore plus grand. Il est un résumé de l’infini qui refuse à l’indéfini toute prise, tout saisissement. Libre mutin aux mains d’argile, il se promène partout où se sculpte nos fantômes pour que se souvienne notre tout premier souffle. Celui d’avant le souffle. Celui qui nous a enraciné du déracinement originel, celui qui nous a saisi de toutes les torpeurs et nous a dessaisi de toutes les formes d’expressions. Obligeant nos corps et nos âmes à se dire dans un libellé troublant de nos gestes incompréhensibles et de nos clairvoyances embuées. Que serions-nous sans la parole du silence, sans nos errances de porcelaine dans notre château de sel ? Nous sommes les mendiants du dérisoire. Ce qui nous rend puissant n’est autre que nos désirs contrariés. Le bavardage de nos silences est le cru de nos sourires. Le désir invite et divise. Nos cœurs englués s’inventent d’autres cœurs plus grands que nos bouches mutilées par nos absences de sonorités offrent à notre ultime liberté. Nous sommes les vagabonds de nos justices précaires et partout un ailleurs sans mesure à l’audace de nos repentirs et aux éclats de nos consentis nous témoignent que l’ouragan c’est nous-même.