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LA COLLINE AUX CIGALES
29 août 2008

0600 - Penser pour ne pas s’oublier.

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Il est des mots écrits qu’il faut traduire d’une parole lente comme pour y déchiffrer une maille sincère au travers d’incertitudes consensuelles dont la raison prend possession malgré les tiraillements et les luttes clandestines que nos sentis accumulent à la lisière des peaux. Je n’écris là que pour me reconnaître de mes tourbillons. Je suis de tous les hommes de cette terre farcie de vérités contre nature, confis d’altercations sauvages, roulé dans la farine grumeleuse des repentis après l’échec, pétri des craintes que l’audace refuse.

J’ai livré combat à ma prison tout en sachant que j’en étais le geôlier le plus intransigeant. Je traverse encore l’immobilité de mes mots à peine réfléchis et me livre en pâture aux grincements de mes os tordus par les abnégations que mes pas enfoncent dans mon corps. De l’erreur je ne connaissais que le repenti correcteur, je découvre les signes qui m’offrent une poursuite pratique. De la difficulté j’aborde le renoncement avec l’intention. La courbure n’est plus une pente glissante par laquelle je m’échappe, mais un tremplin vers d’autres cercles pas encore fendus. Je ne déments plus chaque matin le réveil de ce corps amputé que la fuite conduisait au pinacle des torpeurs lacunaires. Le repenti n’est plus cette frasque moribonde aux odeurs de soufre. J’envisage même l’extension que reflètent mes projets à me concevoir vivant.

Il est des mots qui s’écoulent richement dotés d’affirmations dont la clarté illumine le cœur qui dormait à l’ombre des vertiges. Dans sa brièveté le temps se dissout pour ne laisser aucune place au report car c’est à trop différer que l’on perd toute possibilité à s’orienter. Tout s’accroît selon dont on fait usage alors que l’attente est funeste pour beaucoup.

Je me souviens de la persistance que j’ai eu à entretenir mes projets et si peu deIM_1050009_Renoir_baigneuse_3 l’avantage que l’on possède à profiter de soi-même.

La fragilité repose dans l’utilité que l’on consacre à s’incrémenter d’une croyance que l’on considère axiomatique. Ce que je crois utile devient alors le maître mot de mes pensées et je m’évertue à les accomplir comme si cette exactitude était plus essentielle que toutes les autres.

Que reste t’il des vérités passées, des emblèmes que la raison a voulu sacraliser ?

Des miettes de contradictions ne résolvent pas l’éparpillement qui fait suite à la dislocation d’une pensée qui cherche à s’épurer.

Les peurs sont relatives à nos existences alors que nos désirs eux s’envolent toujours vers l’infini inabordable. Et à vouloir s’augmenter de ce qui ne nous est pas possible on finit toujours dans l’insatisfaction profonde dont il est terriblement difficile de se relever. Se satisfaire de soi ne veut point prétendre pour autant que nos moyens soient restrictifs au point de mourir d’une idée qui ne pourrait s’accomplir.

On s’affranchit tant de nos déboires et de nos incompétences à formaliser l’acte que nous soumettons sans relâche aux verdicts de nos affabulations. Rêver juste pour rêver n’est pas un non-sens. Ce n’est pas du rêve dont il faut se préoccuper mais du fantasme pervers qu’il laisse à notre portée. De l’envie que nous avons de le confondre à la réalité pour la soudoyer et lui donner l’image de ce que nous prétendons de juste pour soi. Il me faut consentir davantage à l’éloquence qu’à la colère de mes ressentis afin d’apaiser ces vagues dont le roulis est incessant malgré la désuétude du vent et en finir avec ce temps perdu à me pleurer.

IM_1050012_Renoir_baigneuse_4Laisser venir à soi ce qui remonte à la surface… Occuper l’idée, occuper l’idée de soi, occuper la conscience de soi, occuper la chair de sa pensée, occuper les flots qui jaillissent à la surface. S’émulsionner des bulles qui remontent du tout en bas pour faire pétiller le tout en haut.

Il ne s’agit pas de refaire une nouvelle peau, ni même de se refaire quoique ce soit, l’existé est déjà là, juste perdurer dans ce prolongement qui fait qu’on avance en vase clos parce qu’on s’adapte aux conditions de l’extérieur qui lui n’a de cesse de bouger, pour en suivre le mouvement et être présent malgré tout. Réduis à changer tout en restant soi, c’est bien le défi le plus épuisant et le plus exaltant que je connaisse.

Dois-je me manifester pour témoigner que j’existe où pour m’émanciper de retenues singulières qui libèrent la réaction ?

Vivre est une réaction, je suis donc de ces déclics et de ces pulsions qui se confrontent à la réalité et m’autorisent à disposer de ce que je suis. Souvent dans le compromis j’active ce qui de moi ne peut s’ouvrir pleinement et persiste à m’écraser de mes afflictions. On ne se délivre ni de soi, ni du monde dans lequel on se trouve… on s’adapte de ses compromis.

Je ne cherche pas à aimer vivre, je veux dévorer la vie. Se construire est etre en développement constant. De ce que j’oubli à ce que je conserve des fruits de l’expérience, je navigue terriblement proche des justifications qui confortent mes choix et mes incapacités.

L’essence éternelle de ce que je suis se cache bien au-delà du visage confirmé que l’on présente à l’autre, aux autres. Je me reconnais seulement à mon désir et je ne suis que le fantôme de mes exils. Les plus durables sont toujours les plus concevables. Ils durent.

On aime l’autre comme l’on aime la vie : pour ce qu’elle est. On s’aime soi pour ce qu’on s’estime capable d’envisager.

L’inconvénient de l’amour, c’est qu’il n’est en rien un moyen de mesurer sa liberté mais il s’y subtilise et offre ainsi de se rapprocher au plus prés de l’espace que l’on occupe pour se rendre compte combien il est réduit, clos et combien il porte le poids de la parole à se convaincre qu’il ne peut en être autrement.

Il est terrible de constater combien la seule issue de soi appartient à l’ensemble des ses sans issues. La liberté en terme d’extension de soi que l’on ne vit pas, on se l’imagine afin de ne pas se concevoir scléroser de ce qui n’est pas. L’idée même de la liberté de soi est de ce qui nous ressemble comme deux gouttes d’eaux identiques aux reflets qu’elles inondent. L’infortune du libre arbitre commence toujours là où l’on ne se reconnaît plus de ce qu’on est.

C’est affligeant.

L’idée de ne pas perdre le contact avec sa petite voix du dedans est liée inexorablement à la reconnaissance de l’identité de soi que l’on ne veut pas seulement supposer, mais qu’au contraire on souhaite affirmer comme le principe même de ce pourquoi on vit.

Ce n’est qu’enseveli que je me manifeste. Le manque d’air et d’espace a cette faculté instinctive que de m’exulter à me concevoir en dehors de tout étouffement. Je ne peux me concevoir franchement dans une quelconque attache souveraine à laquelle je ne devrais que ma rédemption. Il me faut pouvoir concevoir.

Un royaume a besoin pour exister même virtuellement d’un trésor et je me dis à voix basse que je suis le trésor de mon existence. C’est pour cela qu’il me faut creuser, descendre dans mes précipices, aller voir dans mes abîmes. Je ne connais à ce jour qu’un infinitésimal de ma caverne d’Ali baba.

En même temps, je suis conscient des ces merveilles qui même enterrées, cachées, non palpables sont parties intégrantes à mon être.

Je les sens en moi.IM_1050015_Renoir_baigneuse_5

C’est comme un rire que l’on sent venir à soi et qui se déclenche seulement après un mot anodin, ou dans une situation précise mais sans particularité. On sait qu’il est là, prêt à bondir. Qu’il attend la conjoncture favorable.

Si mes paroles retenaient une once de la vertu logée dans mes yeux lorsque j’exclame ma ferveur à me reconnaître de ce que je suis, il me semble alors que j’aborderais plus aisément la vérité qui annonce mon juste sans pour autant etre prisonnier d’une liberté qui ne m’appartient pas. Ce n’est plus d’exil dont il s’agit mais de mutinerie.

Mon temps c’est ma durée. Une durée qui épouse mes reliefs, et je veux consacrer la seconde à ennoblir l’autre qui arrive, même si je me couche quelquefois dans l’intervalle. Jouir du oui est tellement plus crédible que de se mourir d’un non.

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Commentaires
B
Merci de tes conseils.<br /> Je ne crois pas être en mesure de dire « haut et fort » pour l’heure. Sans doute plus tard trouverais-je une sérénité qui me permette fluidité et simplicité. J’y travaille.
B
"Il est des mots écrits qu’il faut traduire"<br /> ça s'était le début, il y a ensuite le milieu et la fin, au milieu de tout, vos mots et je dois reconnaître que je suis bien incapable d'en traduire quoi que ce soit.<br /> J'avoue que je vous découpe, morceau par morceau, l'ensemble étant trop riche pour moi.<br /> Et pour le trésor dites le à voix haute et forte.
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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